« Transformer les matériaux récupérés en une beauté intemporelle et façonner la culture grâce au design »
Dans un monde où l'art, le design et la responsabilité environnementale convergent, Theodore Psychoyos apparaît comme un artiste visionnaire. Son travail incarne à la fois l'éthique de la durabilité et le minimalisme esthétique, en parfaite adéquation avec la mission de THEMA de fusionner la beauté avec la responsabilité sociale et écologique.
Au cœur du travail de Theodore Psychoyos se trouve un engagement envers la récupération, où les matériaux mis au rebut reçoivent une nouvelle vie. Grâce à un processus de sélection méticuleux et à une profonde appréciation des modifications humaines et des altérations naturelles imprimées sur ces matériaux, il les transforme en designs qui font le pont entre les domaines de la modernité et de l'archaïsme.
Mais son travail ne se résume pas seulement à un savoir-faire artisanal responsable : il met également en lumière l’influence profonde de l’art et du design sur notre culture et notre société. Comme l’explique Theodore Psychoyos, l’art et le design ont le pouvoir d’encadrer, de contenir ou de libérer nos pensées et nos actions.
Selon Theodore, l'impact de leur travail va au-delà de la simple création d'objets fonctionnels. Il s'agit d'un voyage spirituel à travers la matière, d'une quête de sens et d'ancrage dans un monde marqué par le consumérisme et les distractions virtuelles. Leurs créations ne s'adressent pas seulement à quelques-uns, mais à ceux qui recherchent une connexion plus profonde avec leur environnement, nous poussant à réévaluer ce qui existe déjà et à trouver la beauté dans ce qui est négligé.
Nous plongerons plus profondément dans la philosophie artistique de Theodore Psychoyos et explorerons l’impact profond de son travail sur les espaces et les communautés qu’il touche.
Comment alignez-vous votre travail avec la mission de THEMA qui consiste à combiner beauté, responsabilité sociale et écologique ?
Nous travaillons exclusivement avec des matériaux de récupération, principalement du marbre déjà transformé dans l'industrie et exposé aux éléments naturels. Notre pratique consiste principalement à sélectionner ces matériaux et à tirer parti structurellement et esthétiquement des modifications humaines et des altérations naturelles qui leur sont apportées. Nous les stockons ensuite jusqu'à ce qu'ils s'adaptent ou inspirent l'un de nos projets. Nous utilisons un minimum d'énergie et d'efforts pour les traiter, chaque mouvement est soigneusement pensé et reste essentiellement humain. Par ce processus, nous assurons une continuité avec ce qui existe déjà. Comme nous travaillons avec un matériau plutôt pérenne, cette approche conduit souvent visuellement à une combinaison simple de modernité et d'archaïsme.
Selon vous, quel rôle jouent l’art et le design dans le façonnement de la culture et de la société ?
Les humains sont des créatures essentiellement adaptatives. Pour prendre un exemple, si vous êtes dans un champ par une chaude journée d'été et qu'il n'y a qu'un seul arbre, vous vous y promènerez probablement et trouverez son ombre parfaite. L'art et le design sont des activités qui peuvent contrôler ou libérer les mouvements et les esprits des gens. Ils peuvent encadrer, contenir, diriger ou générer de l'espace, libérer, émanciper. Nous sommes plutôt du deuxième type. Nous avons l'intention de générer de l'espace. Mais vous pouvez aussi ignorer l'arbre, rester sous la chaleur, transpirer et faire des plans sur la direction dans laquelle vous construirez un abri. Ou même planter l'arbre parfait à l'endroit parfait pour obtenir l'ombre parfaite... dans 20 ans.
Comment décririez-vous l’esthétique ou l’éthique de votre travail ?
Notre pratique consiste principalement à ne pas faire plutôt qu'à faire. Ne pas faire est un exercice assez difficile à notre époque. Nous réduisons constamment le volume de nos projets, les accordant au plus bas, si je puis dire. Dans ce processus, nous nous concentrons sur les quelques idées qui survivent à ce silence et faisons de notre mieux pour leur donner un terrain et un équilibre. Même l'environnement ou l'objet le plus minimaliste peut être bruyant, comme le contraste avec le silence d'une mer agitée. Nous ne prêtons pas beaucoup d'attention à l'esthétique et ne changeons ou ne modifions que ce qui présente un problème pratique. Par exemple, nous ne polirions jamais une surface s'il n'y a aucune raison fonctionnelle de le faire. La majeure partie de la partie esthétique est une projection du spectateur ou de l'utilisateur sur notre travail.
Quel type d’impact ou d’effet souhaitez-vous obtenir à travers votre travail ?
Je suis convaincu que c’est en parcourant un chemin à travers la matière que l’on peut atteindre la spiritualité. En d’autres termes, la gravité n’est pas une malédiction pour nous mais simplement un chemin vers la spiritualité. Dans un contexte de consommation intense et de virtualité bon marché, notre travail s’adresse à un public plus restreint, plus riche, plus ancré dans la réalité. Nous souhaitons exprimer à notre public, mais aussi à un public plus large, qu’il y a déjà tant de choses autour de nous à contempler, à réutiliser et à interroger, et que courir après davantage n’est pas nécessairement la chose la plus sage ou la plus satisfaisante à faire. Dans cette optique, nous travaillons de plus en plus avec les municipalités, non pas dans le cadre de projets coûteux, mais plutôt pour fixer et insuffler un esprit à ce qui existe déjà, et qui reste souvent inaperçu et en manque de soins.